Article publié dans Nelson Dumais Le Magazine et MacQuébec en 2012
Twitter est né d’une idée toute simple. Du micro-blog avec comme limite, 140 caractères. En l’utilisant au jour le jour, ses abonnés ont développé par eux-mêmes des outils de recherche et des moyens de communication simples mais efficaces comme les « hashtags # » et l’utilisation de l’arobas « @ » comme préfixe au nom d’utilisateur.
Plus le temps passait, plus les développeurs faisaient des outils intéressants pour mieux utiliser ce média, comme les clients TweetDeck, Tweet-ci ou Tweet-ça mais aussi les applications iPad, iPhone, Mac, les outils de « syndication », d’analyse, etc.
Il y a un peu plus d’un an, la recette Twitter a vraiment pris et le réseau est devenu un outil incontournable (on pourrait en discuter longuement, toutefois) pour promouvoir des émissions de télévision, pour discuter en temps réel avec des gens connus, pour « rapprocher » les entreprises de leur clientèle.
Le problème c’est que le site n’avait pas de moyens pour engranger des revenus et sa popularité pressait les propriétaires d’en tirer des revenus plutôt que de somber dans les dépenses.
Twitter a donc remanié son API. Cette version 1.1 ferme la porte aux logiciels clients et à la « syndication » pour empêcher les utilisateurs d’utiliser la plate-forme sans recevoir les publicités. La raison officielle, par contre, est différente : « C’est pour garantir une expérience constante à l’utilisateur. »
Les règles pour les logiciels clients ont changées de simples « Suggestions d’affichage » qu’elles étaient en « Obligations d’affichage ». Avec des suggestions, le développeur pouvait créer son client comme il le voulait, mettre les recherches, les fils, etc. sur plusieurs colonnes pour une lecture plus aisée, pouvait faire afficher ou non les publicités, etc. Avec ces contraintes, les logiciels clients ne peuvent plus faire comme ils veulent. Ils doivent afficher exactement de la même manière que le site Twitter le fait. Il devient donc pratiquement impossible pour un logiciel de se différencier d’un autre avec ces nouvelles règles.
Autre règlement troublant : Twitter limite maintenant le nombre d’utilisateurs qu’un logiciel tiers peut avoir. Pour différentes catégories, il donne une limite et le développeur du logiciel doit recevoir l’approbation de Twitter si cette limite a besoin d’être augmentée. Twitter offrira un nombre maximal de jetons d’authentification et limitera aussi le nombre de connexions maximales pour rafraîchir les pages. Bien sûr, les applications « officielles » de Twitter, elles, n’auront pas à subir ces changements.
N’ayant jamais été une plateforme Open Source, Twitter a le droit de faire comme bon lui semble pour protéger ses arrières et surtout pour fidéliser la clientèle et rentabiliser les énormes investissements. Par contre, pour les développeurs qui l’ont amené au point ou il est aujourd’hui, c’est comme se faire planter un poignard dans le dos. Twitter joue gros. Une très grande proportion d’utilisateurs se servent de ce service à partir d’applications tierces et seront peut-être réticents à changer pour aller se faire bombarder de publicités et de messages de Justin Bieber, de « trend » de Nicki Minaj dans leur fil de nouvelles et de se faire enfermer dans une interface qui est, de l’avis de plusieurs, peu intuitive et dénuée d’innovations pratiques.
Selon plusieurs sources, il y aurait eu beaucoup de dissensions au sein même de l’entreprise et les dirigeants et décideurs auraient été divisés en deux camp, : d’un côté, ceux qui souhaitaient que Twitter soit toujours un API ouvert pour continuer à devenir la messagerie « temps réel » de l’internet et de l’autre un outil publicitaire « à la Google ».
Le second camp a gagné.
À lire et entendre plusieurs experts, Twitter pourrait perdre ce petit oumph qui le différenciait des autres plates-formes et pourrait devenir, dès qu’un nouveau concurrent naîtra, le nouveau MySpace…
Qu’en pensez vous ?